dimanche 30 novembre 2008

129-am : Poème : l'orage et le chêne

L’orage tonne au loin
Bien au-delà de Vedrin,
Le ciel devient tout noir
Comme si c’était le soir.

Et la foudre a touché
Un chêne centenaire
Qui avant de tomber
Se souvient de la guerre
Qu’il a subie naguère.

Mais avant de tomber,
Il revoit son passé
Et des moments heureux
Où des amoureux
Venaient graver un cœur
Pour dire leur ardeur.

Et la cloche de sonner
Pour annoncer au monde
Qu’un enfant nous est né
Et viendra égayer
Tant de gens à la ronde.

Il revoit, désespoir,
Passer le corbillard
D’un brave que la guerre
A conduit au cimetière
Car revoici la guerre
Avec toutes ses misères.


Il regarde défiler
Autant de réfugiés
Qui fuient l’ennemi
De nos pays conquis,
Et qui, évacués
Se sont fait mitrailler.

Il sent encore ses branches
A moitiés décharnées
Soutenir les corps
De soldats suppliciés.

Il voit ce résistant
Caché derrière son tronc
Attendre patiemment
Le passage d’un camion
Conduit par un allemand
Qu’il va exécuter
Avant de s’en aller.

Mais seule la foudre
Pouvait en décider,
De le faire tomber
Electrocuté.

C’est l’histoire pénible
D’un chêne centenaire
Qui finit sa carrière
Pendant une guerre horrible.

(André Maillard 08-0702)