dimanche 30 novembre 2008

123-am : Evolution des mentalités face à l'occupant

par André Maillard, Agent ARA du Réseau Clarence

L’ennemi venait d’Allemagne … ou le Regard d’un Résistant à diverses époques de la vie.

Ceci n'est pas un cour d'histoire : il vise simplement à voir le vécu de la guerre par les yeux d'un enfant, d'un adolescent, d’un adulte, d'un vieillard …

En 1937, j'avais 8 ans, C’est l'âge où l'on commence à s'intéresser à ce qui se passe dans le monde, et à comprendre la période agitée de son enfance. Car cette période est très mouvementée. Et annonce la période de guerre qui débute en 1936. Les informations n’arrivent que lentement : les techniques de communication mettent plusieurs jours pour répandre l’information.

Le Japon a déclaré la guerre à la Chine. On sait peu de chose sinon que les actualités cinématographiques montrent des troupes en mouvement, voire en action : des villages brûlent. Mais ce qu'on ne sait pas, et je l'apprendrai après la guerre, c'est que cette guerre fera une hécatombe énorme avec 1.100.000 victimes côté Japon et 3.220.000 coté chinois. A ce chiffre, il faut ajouter 9 millions de victimes civiles chinoises. Ce qu'on ne sait pas non plus, c'est que le Japon fait usage d’armes chimiques sur les soldats et les civils chinois, comme Saddam Hussein le fera plus tard sur les kurdes.

De mémoire de gamin, je retiens l'invasion de Barcelone en Espagne par les phalangistes conduit par leur chef Franco. Des images de source espagnole montrent des sacrilèges dans les églises. Mon intérêt se porte vers les gosses de mon âge évacués hors de leur pays. Carmélo devient mon grand ami.

C’est aussi à cette époque que l’armée allemande plombe le ciel espagnol quand la brigade Condor est rejointe par les sympathisants italiens et autres idéalistes pour soutenir Franco. Ce qui m’a frappé à l'époque, c’est la destruction totale par les bombardement aériens de cette brigade Condor des villes de Guernica et Luno située en Pays Basque (dans le nord espagnol). C’était le seul sujet de conversation.

Pendant ce temps, en Belgique, on assiste à de nombreux débats politiques enflammés. J'habite à Bruxelles-Schaerbeek en 1936. Un grand meeting contradictoire se tient au Palais des Sports, avenue Louis Bertrand. Le Ministre Van Zeeland s’oppose au député Léon Degrelle. Je suis frappé par la violence des sympathisants de Degrelle qui, devant moi, font dérailler le tram 64 tandis que les gendarmes interviennent à cheval, sabre au clair. C’est ce qui me rendra hostile à Degrelle bien avant qu'il ne devienne un ardent défenseur des théories hitlériennes. Ambitieux, il sera nommé par Hitler lieutenant colonel de l’armée allemande, et chef des wallons !

Avec la montée d'Hitler, les réflexions les plus absurdes se répandent chez nous. On disait que les allemands n'avaient que des chars en carton pâte. On chantait gaiement : "nous irons pendre notre linge sur le ligne Siegfried " (ligne de défenses fortifiées opposées à la ligne française Maginot).

Pour moi, ce fut la stupéfaction, car tout ce qu'on avait montré de rassurant comme la visite du français Daladier avec Chamberlin à la Chancellerie du Reich, était brutalement effacé, L'Allemagne envahissait la Pologne. L'Angleterre et la France déclaraient la guerre à l'Allemagne. Ce qui m'a frappé, comme garçon revenant la nuit de l'Expo Universelle de Liège et en train international, c'était de voir que mon wagon était plein de polonais fuyant leur pays vers la France. On commença à voir dans les actualités l'avance fulgurante des troupes allemandes, les blindés en progression accélérée et les lance-flammes en action.

On parlait de l’Anschluss ou annexion de l'Autriche à l’Allemagne. Le peuple autrichien massé le long des routes acclamait les troupes bras tendu vers le ciel avec de grand cris Heil Hitler et ces drapeaux à croix gammée pavoisant à toutes les fenêtres. On commençait à connaître les maîtres de la propagande comme Goebels. Aux murs de nos cuisines on commençait à voir la carte de l'Europe et les petites épingles indiquant la progression des ennemis … tout cela sans que le peuple belge ne se doute que ce serait bien vite son tour.

On découvrit ce que signifiait la Blitz Krieg ou guerre éclair. J’étais au courant de l’invasion du Danemark et des attaques pour la prise du port de Narvik. Qui parlait de la Bohème, de la Moravie, de l'Estonie, ou de la Lituanie … des pays cédés par Hitler à la Russie. La Finlande fut envahie par l'armée rouge et les actualités montraient les soldats finlandais tout de blanc vêtu en mimétisme parfait avec la neige munis de simples fusils glisser vers la mort face à une armée russe toute puissante.

J’entendais le chancelier Hitler haranguer ses sympathisants dans un discours violent récoltant une ovation incroyable à chaque phrase. On nous montrait des grands rassemblements, même la nuit aux flambeaux, Le peuple adulait l’orateur comme une idole. La jeunesse allemande en culottes courtes de cuir noir marchait au pas comme hypnotisée et participait avec un tel engouement frôlant l’hystérie. Faire du sport était une obligation de la nouvelle race en marche. En un mot, la jeunesse se retrouvait conditionnée pour lutter pour un ordre nouveau pouvant aller même jusqu’au sacrifice pour son pays.

Chez nous, ces allemands exaltés et hystériques faisaient de plus en plus figure de pantins saluant du bras tendu un dictateur devenu leur Führer ou guide suprême d’une Allemagne surpuissante écrasant le monde entier et d'où tous les juifs seraient exclus parce que impurs de leur race.


En Belgique, on commençait à reparler des boches (du nom de la firme Bosch qui nous vendait des appareils électriques inconnus chez nous), des doryphores (allusion à la tenue grise de la Wehrmacht –force armée allemande-).

Hélas, un beau jour de printemps, exactement le 10 mai 1940, ce fut notre tour en même temps que celui des hollandais et des français d’être envahis.

J'avais 13 ans et ma première réaction a été de dire : on ne va pas à l'école !. Habitant Ronet dans le nord de la périphérie namuroise, on ne savait pas grand chose de bombardement de Namur (surtout la place Léopold) et de celui de l ville de Jemelle.

Le 2è jour, un train s'arrêta au bout de mon jardin, Il était rempli de jeunes de 16 ans réquisitionnés pour être évacués. Un avion stuka arrive en piqué dans un sifflement strident et lâche deux bombes dont une dans notre jardin. Personne n’est blessé.

Je me disais comment de tels hommes peuvent-ils être des monstres au point d'essayer de tuer des jeunes à peine plus âgés que moi ! La haine du ‘’boche’’ déjà incrustée dans mon cœur est montée d’un cran ce jour-là.

Ce bombardement avait signé pour ma famille l'heure de l’évacuation : un train de marchandises jusque Lobbes, puis de voyageurs jusqu'à la frontière française à Erquelinnes où ma famille passe la nuit sous les bombardements et nous embarquons dans un wagon de marchandises qui nous conduit à travers la France jusqu'à Montpellier. Ensuite, nous déposons nos valises dans un village de vignerons, à Vendargues dans l'Hérault. Il y avait aussi dans ce village cantonné un régiment belge mis en réserve (de quoi ?). Le soir venu, entre le chant des grillons et ce soldat belge, résonnait ce chant " j'attendrai le jour et la nuit, j'attendrai toujours ton retour" qu'on écoutait avec la nostalgie du pays abandonné.

Je me sentais comme en vacances sous le soleil. Cette agréable atmosphère devait changer bien vite quand, la nouvelle circula de bouche à oreilles : le Roi Léopold III, mon Roi des Belges, avait capitulé ! Ce Roi proclamé " félon ", nous étions nous-mêmes devenus des réfugiés "félons".

Le mois de septembre a été le ois du retour. Notre tain est resté bloqué 8 jours à Châlon où se situait la ligne frontière de démarcation entre le monde libre ou non envahi et cet autre monde ‘’occupé’’ où nous nous rendions.

Je reprend vite conscience de la triste réalité en voyant ces affiches placardées un peut partout : … sera puni de mort … … et j’ai découvert qu'il y avait trois sortes d'ennemis qui formeront plus tard un seul et unique groupe d’assassins sauvages. Il y avait d’abord les aviateurs de Goering qui mitraillaient les colonnes de réfugiés tuant hommes, femmes et enfants surpris sur la route de l’exil, puis ensuite la Wehrmacht (armée de terre allemande), qui semblait avoir pour consigne de gagner la sympathie des belges (les cheminots qui logeaient chez l'habitant à Ronet nous saluaient au passage et disaient en français "malheur la guerre !" souvent en sortant la photo de leur épouse et de leurs enfants. Très vite, ces beaux sourires se transformeront en menaces grimaçantes assistés des collaborateurs et autres profiteurs belges.

il y a ceux qui souhaitent que ça dure : des fortunes se font avec le marché noir. Il y en a d’autres qui attendent que cela se passe et écoutent cette radio anglaise (B.B.C.) interdite, mais ne veulent pas se mouiller. D’autres encore acceptent de s’engager par conviction ou par nécessité économique dans le travail obligatoire. Mais il y a aussi ceux qui refusent les injonction et rejoignent la résistance dans la clandestinité.

Il y a ceux qui se mettent au service des forces policières allemandes gestapo ou geheime Staatspolizei (police secrète de l’Etat) et deviennent ainsi des traîtres et des assassins notoires (à Namur, souvenons-nous de l'assassinat du gouverneur Bovesse).

Ceux qui refusent la collaboration avec l’ennemi s’engagent dans les mouvements patriotiques ou se mettent discrètement au service des Forces Alliées et deviennent des Agents du Service du Renseignement et de l'Action. Ils seront reconnus légalement comme Agent du Service du Renseignement et de l’Action et feront partie de l’Armée du Renseignement et de l’Action. Ces années de guerre sont très pénibles, très dures humainement et physiquement. Il y aura de nombreux morts et blessés. Mais ces années ont été malgré tout exaltantes pour ceux qui oeuvrent quotidiennement et au risque de leur vie pour leur pays.

J'avais 15 ans 1/2 et j'ai voulu être de ceux-là avec bien sur les missions confiées à ceux de mon âge : surveillance ou faire le guet pendant les émissions radio clandestines et pendant les réunions discrètes, ou la rédaction de fausses cartes d'identité, ou le convoyage de parachutés ou de chef et autres agents du services de renseignement et d’action, ainsi que le transport de documents et de rapports d’observations.

Dès 1943 j'avais été mis en garde solennellement : être arrêté signifie torture, avant exécution par fusillade ou envoi dans un camp de concentration.

J’ai été fidèle à une seule et unique loi : tais-toi et fais ton devoir.

A la sortie de la guerre, je suis âgé de 17 ans. J’étais sans nulle doute un des plus jeunes si pas le plus jeune agent de l’armée du renseignement et de l’action. J’ai été décoré plusieurs fois, puis oublié de tous : il est vrai qu'étant en quelques sortes une taupe, les contacts avec les autres agents étaient à éviter.

A cause des atrocités commises par l’ennemi allemand et ses sbires nazis, j'ai gardé longtemps une haine féroce envers eux. Cette haine à commencer à s’estomper avec la poursuite de mes études en autodidacte. J’avais acquis une conviction qui devint ma devise : " ce qu'un autre peut faire, tu peux le faire aussi". J’ai obtenu les reconnaissances universitaires.

Plus tard, en accomplissant de nombreux voyage à l'étranger pour le travail ou des vacances, je refusais obstinément de mettre les pieds sur le sol allemand.

Maintenant, je suis âgé de plus de 80 ans et avec le temps, j'ai compris que tous les allemands n'étaient pas des nazis, qu'ils avaient été conditionnés dès leur plus jeune âge pour devenir des machines à obéir et à tuer et, enfin, que c'est peut-être la télévision allemande qui est la plus critique vis-à-vis de toute ces guerres absurdes. C'est pourquoi j'ai fait mon deuil de la haine qui m’animait mais vis-à-vis de certains seulement.

Je ne sais pas si je recommencerais tout ce que j’ai fait. Non pas par manque de patriotisme, car il est resté intact. Mais davantage par dégoût de la politique, sensée être l’organisation de la cité, et surtout dégoût de la presse qui ne soutient guère le Devoir de Mémoire dû aux Morts pour la Patrie, qui constituent les fondations-même de notre édifice Belgique, mais préfère réserver ses colonnes au seul Martyr Juif. Certes, je ne nie pas que la race juive ait été systématiquement anéantie dès l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939. Mais cette presse oublie trop facilement tous les résistants armés ou non qui sont morts dans les camps après avoir été torturés en Belgique déjà, non pas pour leur race, mais pour leur engagement au service de leur patrie.-


Epilogue :

Je viens de raconter comment l’ennemi allemand était perçu par un enfant, puis un adolescent, lesquels attachaient de l'importance à des situations de guerre qu'il avait vécues et se forgeait ainsi un jugement. Mais, je me dois de compléter cette approche en tenant compte de ce que j’ai appris après la guerre. Et il me faut remonter avant 1936 pour comprendre la suite des événements.

C'est en 1921 que Adolf Hitler commence à faire parler de lui en créant le parti national-socialiste (NSDAP). Il ébauche des sections d'assaut (SA) avec lesquelles il tente en 1923 à Munich un putsch qui échoue et le conduit en prison où il écrira sa bible : Mein Kampf. Dans ce livre, il expose ses sentiments racistes et surtout anti-juifs auxquels il attribue tous les maux de la terre. Il accuse les juifs de dominer le monde … l’enjeu est la destinée du monde … Il n’y a pourtant que 1% de juif en Allemagne, tout comme en France d’ailleurs. Ses thèses portent leurs fruits dans une Allemagne humiliée par la défaite de 1918 et le traité de Versailles. Ce dernier a restitué l'Alsace Lorraine à la France et impose d'autres cessions de terres, démilitarise et fixe à 20 milliards de marks-or le paiement au titre de dommages et réparations.

Ajoutons à cela la terrible crise de 1929 avec son cortège de chômage et de misères et on comprend que le terrain est prêt pour une nouvelle ascension des nazis qui porteront Hilter au pouvoir avec le titre de Fuehrer du Reich, rêvant déjà de dominer l'Europe et d'en exterminer tous les juifs. On sait ce qui en résultat avec les annexions de territoires et les guerres qu'il déclencha.

Mais, pour ce qui nous préoccupe ici, il faut savoir que c'est dès son accession au pouvoir au début de 1933 qu'il créa la sinistre Gestapo ou Geheime Staatspolizei pour police d’Etat secrète.

Sitôt à la tête de l’Etat allemand, le dictateur s’attaque au juifs (mai 1933, on brûle les livres …) et ordonne l'arrestation de tous les opposants au régime nazi et les envoie dans des camps. Pour convaincre le peuple, Hitler s'entoure de collaborateurs. Joseph Goebels, militant d’extrême droite 10 ans auparavant, est nommé ministre de la propagande et de l'information. Hermann Goering est nommé chef de la luftwaffe ou arme aérienne créée par une loi en mai 1935. C’est l’aviation militaire qui fit tant de morts sur nos routes avec ses avions stuka et qui fut à a base de la bataille d'Angleterre qui se déroula dans les airs. En 1938, on commence à brûler des synagogue et à casser toutes les vitres des magasins juifs, c’est la nuit de cristal.

Le peuple allemand est pris dans un étau : il faut être pour ou mourir, ou dénoncer ou être dénoncé et porter l'insigne de la croix gammée. C’est-à-dire se montrer bon nazi ou être exclus de la vie économique et sociale. Embrigadé dans les jeunesses hitlériennes, il fallait apprendre à ces jeunes à aller jusqu'à dénoncer les membres de leur propre famille s'il n'étaient pas pour le régime. Il fallait assister aux nombreuses parades de jour comme de nuit et tendre le bras vers le haut au point d'en avoir mal et savoir hurler "Heil Hitler" si on voulait trouver sa place dans la société allemande.

Hitler décide de créer des camps pour incarcérer les opposants à son régime fussent-ils allemands. Ces camps se développeront pour devenir les camps de concentration et d’extermination.

Dans ces camps furent rassemblés plus d’un million de juifs, mais aussi plus de 500.000 autres personnes regroupant des tziganes, des homosexuels, des opposants politiques et de plus en plus de résistants de pays occupés.

Dans ces camps officiaient des hommes devenus tristement célèbres comme Adolf Eichman, Joseph Mengele, et les constructeurs des chambres à gaz (trop nombreux à citer ici) … bref tous les collaborateurs nazis fanatiques et responsables de millions de morts. Les prisonniers sont condamnées à mourir par le travail forcé, exténuant, ou par le froid, la faim, les exécutions sommaires, les expériences médicales.

On comprend mieux, que muselé le peuple allemand se laissa entraîner par ce qui, lui apparaissait au début comme prometteur d'un avenir meilleur, puis plus tard, se laissa envahir par la peur, conditionné. N’a-t-on pas vu des gamins de 16 ans se battre jusqu'à la mort pour leur fuehrer qui leur avait inculqué le "vaincre ou mourir" ?

Voilà, pourquoi, j'ai étouffé ma haine des allemands. Je réserve cette haine aux allemands qui ont été des brutes malfaisantes, des criminels de guerre, même au plus petit échelon alors que les grands initiateurs, eux, fortune aidant, on trouvé refuge, généralement sous de faux noms, en Amérique Latine surtout en Argentine, pays qui les accueillit, les protégea et refusa toujours leur extradition.

Seuls les tout grands criminels de guerre firent l'objet d'un procès spectaculaire à Nürenberg et lourdement condamnés, voire exécutés par pendaison quand ils ne se sont pas suicidés avant le verdict comme Goering.

Voilà aussi pourquoi je suis convaincu, aujourd’hui, qu'il y a eu en Allemagne des citoyens qui ont souffert en silence, et qui n'ont pas pu ou n'ont pas su se rebeller contre le monstre qui les a entraînés dans ces sinistres destins et qui ont pleuré leur pays complètement détruit tout en se réjouissant d'un retour à la démocratie pour un temps seulement pour certains puisque le mur de Berlin, mur de la honte, viendra couper leur pays en deux (République Fédérale Allemande et République Démocratique Allemande), avec la prospérité d'un côté, et un manque de tout de l'autre avec le drame des familles longtemps séparées. Aujourd’hui il n’y a plus qu’une Allemagne.

C'est après mure réflexion que je me suis refusé d'être injuste vis-à-vis de ceux qui n'ont fait que subir et supporter et, à défaut de savoir qui était au courant des camps de concentration et qui ne l'était pas, en me disant aussi que le fils ne peut être responsable des actes de son père.

C’est ainsi que je me suis trouvé à dire Guten Morgen en entrant dans un ascenseur où se trouvaient des allemands.-