dimanche 30 novembre 2008

127-am : Buchenwald et ses kommandos

par André MAILLARD, ARA du Réseau Clarence

Beaucoup de personnes ont la vision d’un camp de concentration totalement clos dans lequel on entre par la grande porte et ne sort jamais si ce n’est par la cheminée … Buchenwald, la vallée des hêtres ! Il n’en est rien. Mais avant d’en parler, rappelons l’origine de ce camp.

Sa construction est envisagée en 1936 et sa réalisation en 1937. Au départ, il est destiné à recevoir les opposants au régime hitlérien. Les premiers occupants sont allemands : communistes, francs-maçons, homosexuels, tziganes, catholiques, protestants et juifs. Les 149 premiers occupants y arrivent le 19 juillet 1937, suivis rapidement par des opposants au régime hitlérien, Les droits communs appelés les triangle verts à cause de ce signe qu’ils portent sur leur vêtement sont chargés par des S.S. (Schutzstaffelns, pour escadrons de protection) d’opérer les exterminations des personnes incarcérées. C’est avec l’arrivée des détenus étrangers civils et militaires que le camp prend des proportions gigantesques jusqu’en avril 1945. C’est en 1939 que l’on commence la construction des fours crématoires.

L’augmentation croissante des effectifs du camp nécessite la formation d’équipes qui vont prendre en charge l’organisation et la survie du camp. Ces équipes prendront le nom de kommandos. Au-delà des équipes chargées des préoccupations internes du camp, il y aura aussi les équipes externes. Elles sortiront du camp pour exécuter les travaux directement liés à l’industrie de guerre, d’autres participeront à l’extraction de la pierre, d’autres encore construiront une ligne de chemin de fer, et d’autres enfin seront affectés au percement de tunnels destinés au montage des bombes volantes (V1 et V2) ou à l’exploitation souterraine de mines de cuivre (malachite). Certains kommandos seront affectés au déblaiement des ruines résultants des bombardements Alliés …

Parmi les détenus qui sortent du camp en kommandos de travail, il y ceux qui restent sur le territoire contrôlé par le commandant du camp. Ils sont utilisés en moyenne (11) onze heures par jour pour un travail très dur qui se fait souvent dans des conditions inhumaines par tous les temps et sans aucune protection ni tenue adaptées. Ces hommes doivent soulever des blocs de pierre et les transporter rapidement sous les coups de cravache, l’estomac tenaillé par la faim et dans un grand état d’épuisement. On comprend que ces hommes soient rapidement victimes d’infections pulmonaires graves. D’autres kommandos se rendent dans les usines toutes proches contrôlées par les S.S. comme la D.A.W. (équipements militaires), GUSTLOFF (fusils), Firma JUNKER (techniques sous-terraines de forage ).

A côté de ces kommandos rentrant au camp principal il y a ceux qui sont transférés loin de Buchenwald. Ils sont regroupés dans des camps secondaires. Leur mission consiste à répondre à la forte demande de main-d’œuvre dans les entreprises contrôlées par les S.S., mais aussi dans des entreprises industrielles privées comme IG-Farben, BMW, Junker …

Certains sont envoyés à Cologne pour désamorcer des bombes non explosées ou réparer des wagons endommagés, mais aussi d’autres à Duisbourg, à Essen, Halberstadt, Schert, etc …

On comptera jusqu’à 186 kommandos. Dans ceux-ci, nous trouverons des Résistants qui vont tout mettre en œuvre pour ralentir le travail et le saboter, chacun selon ses moyens et ses compétences. Tous font le maximum pour ne pas se faire prendre pour éviter la condamnation à mort.

Si la vie semble tant soit peu plus facile au sein de certains kommandos, tous ne peuvent que constater leurs morts, soit d’épuisement, soit de faim, ou malheureusement tombés sous les bombes des Alliés. On constate même des victimes dans le camp de Buchenwald, où tombent des bombes destinées aux usines environnantes.

Notre but est d’évoquer l’existence de kommandos extérieurs. Nous n’avons dés lors pas évoqué les meurtres, les coups mortels, les exécutions sommaires, la faim, le froid, la maladie, les expériences médicales pratiquées par des médecins devenus bourreaux. Ce sont toutes les souffrances des détenus venus d’Allemagne et de tous les pays occupés à qui la fumée des crématoires rappellera continuellement qu’ils sont là pour être exterminés.

Il y a des actes d’égoïsme mais aussi un grand nombre d’actes de solidarité qui permettent à pas mal de détenus de survivre.

Au début de mon texte j’écris qu’on rentre dans le camp de Buchenwald par la grande porte pour en sortir par la cheminée. C’était là les atroces perspectives d’un régime impitoyable et meurtrier. Mais l’impensable est arrivé : la perte de la guerre, la fin d’un empire allemand qui n’a pas réussi sa domination du monde : le Reich (royaume) s’est effondré.

Pris par la peur que les preuves de leurs bas instincts ne soient connus, et dans la crainte d’être détenus à leur tour et de devoir rendre des comptes, les S.S. décideront d’évacuer le camp de Buchenwald en plein hiver au début 1945. A ce moment, l’effectif des détenus n’est plus que de 21.500. Et dire qu’il a dépassé le nombre de 86.000 dont 56.000 ont été exterminés.

Plusieurs camps évacuèrent à peu près au même moment malgré les efforts des détenus pour retarder cette évacuation en espérant la libération par les Alliés Américains et Russes. Beaucoup ont été contraints à partir. Marcher, … marcher parfois pendant 10 jours, affamés, épuisés, les malades qui s’arrêtaient étaient de suite abattus par les S.S. que la défaite rendait de plus en plus furieux. Nombreux sont ceux qui tombèrent à quelques heures de leur libération.

Note :

Les souffrances atroces infligées à ces détenus doivent nous rappeler que nombreux sont ceux qui ont perdu la vie à Buchenwald pour avoir refusé la domination allemande et contribué à l’effort des Alliés pour nous rendre la liberté.

Parmi eux de nombreux Agents du Service du Renseignement et de l’Action pour lesquels nous vous invitons à soutenir le DEVOIR de MEMOIRE en devenant membre sympathisant à la R.U.S.R.A., Royale Union des Services du Renseignement et de l’Action.
Seuls, nous ne pouvons rien car les préoccupations de la vie nous font vite oublier ces héros. Ensemble, nous pouvons défendre les valeurs de liberté de nos héros en souscrivant au Devoir de Mémoire.-