dimanche 30 novembre 2008

124-am : Les allemands n'étaient pas tous nazis !

par André Mailard, A.R.A. du Réseau Clarence

Il faut remonter à l’invasion de notre pays en août 1914 pour comprendre l’animosité que les Belges manifestaient envers les Allemands. Des atrocités ont été commises par les Uhlans. Il s’agissait de cavaliers légers armés de lances, d’épées et de carabines très rapides pour l’époque. Leurs tristes exploits étaient encore présents dans les mémoires à la veille de la deuxième guerre mondiale. L’armée allemande comprenait pas moins de 26 régiments de ce type.

Il suffit de citer quelques exemples d’atrocités collectives comme à Dinant avec ses 600 civils exécutés, ou à Tamines avec de nombreux civils exécutés sommairement, ou individuelles comme à Vedrin avec cet homme très âgé attaché sur une brouette bourrée de paille. Les uhlans y boutent le feu : l’homme est brûlé vif . Toutes ces exécutions avaient pour motifs des coups de feu tirés par des soldat français francs-tireurs.

Dix-huit ans plus tard, les belges apprennent que les troupes d’Hitler ont prêté main forte aux troupes du général espagnol Franco (Chef du Mouvement Nationaliste durant la guerre civile d’Espagne de 1936 à 39). En 1937, l’aviation allemande commandée par le général Goering (proche collaborateur d’Hitler) bombarde la petite ville espagnole de Guernica y Luno. Certains belges se demandèrent alors si ces actions n’étaient pas des exercices de préparation à d’autres guerres.

Mais en 1936, les belges ont d’autres préoccupations et notamment la campagne pour les élections nationales qui oppose le premier Ministre Paul Van Zeeland au chef du parti rexiste Léon Degrelle.

Entre-temps, Hitler a décidé que l’Allemagne devra vivre en autarcie (état économique d’un pays qui se suffit à lui-même). Les nouvelles sont rigoureusement contrôlées. Le peuple n’est même pas capable d’interpréter les nouvelles d’un journal d’autant plus que la possession d’un poste de radio est rare ! Au début, ni nos dirigeants ni le peuple ne prennent le réarmement de l’Allemagne au sérieux. Tous sont fiers et forts de la neutralité instaurée. Et lorsque les bruits de bottes allemandes commencent à résonner, c’est avec une incroyable candeur que le peuple est rassuré par les déclarations solennelles des Chamberlain et autre Daladier (Premier Ministre anglais et Ministre français) ainsi que par les pactes de non agression signés par le Chancelier allemand. D’ailleurs les étrangers sont bien accueillis en Allemagne (11e Olympiade à Berlin du 1er au 16 août 1936). Dans nos rues se répand le bruit que les chars allemands sont en carton ? On met deux doigts sous les narines en signe de dérision en faisant allusion à la moustache du führer. Dans les cinémas, les actualités filmées montrent le peuple autrichien accueillant les allemands à bras ouverts avec des drapeaux aux fenêtres. Bref, il s’agit de situations bien éloignées des réalités allemandes.

En 1933, Hitler est en prison et rédige sa bible qui allait servir de base pour ses actions futures. Gravissant tous les échelons il prend rapidement les rennes du pouvoir pour devenir en 1923 le chef du parti nazi accompagné de Goering et Himmler. C’est Himmler qui est chargé de la création des futurs camps de concentration. Dès 1921, Hitler aidé de Röhm fonde les sections d‘assaut dites aussi les chemises brunes et un peu plus tard ce sera le tour de la police très spéciale, la gestapo.

Pourtant s’il avait vécu sans cette hargne à éliminer tout juif et les exclus de la société, et sans supprimer tous ses opposants politiques, … s’il avait organisé l’Allemagne vers davantage de démocratie, … s’il n’avait pas décidé d’étendre son pouvoir sur toute l’Europe géographique, … … son passage aurait été bénéfique ? Car dans les premiers mois de son accession au pouvoir, il a sorti son pays du marasme économique résultant des conditions imposées par le Traité de Versailles (28 juin 1919) suite à la capitulation de 1918.

Au lieu de cela, de très nombreux citoyens allemands doivent bien conclure que c’est un monstre qui les dirige. Et à tous ceux qui ne veulent pas accepter sa doctrine, ni se plier à sa discipline, ni penser comme lui, il va vite démontrer une intolérance absolue.

Le 7 février 1933, sous le prétexte d’un acte commis par un communiste qui incendie le Reichstag, il fait arrêter 4.000 communistes. Le 30 juin 1934, il lance la nuit des longs couteaux au cours de laquelle de nombreux opposants politiques sont soit assassinés, soit envoyés dans des camps. Les nombreux opposants continueront à être dirigés vers les camps ou la souffrance ne sera qu’un avant-goût de la mort jusqu’en avril 1945. Le 9 septembre 1938, il organise la nuit de cristal. Les vitrines des commerces appartenant aux juifs sont brisées. Les premiers assassinats et incarcérations « parce que juifs » sont perpétrés.

Sous le haut commandement de Himmler, des camps vont se développer et s’agrandir en permanence à Auschwitz, Birkenau, Buchenwald, Ravensburg, Treblinka, … pour ne citer que les plus importants.

De 1941 à 1942, Hitler a déjà fait éliminer 70.000 malades mentaux et handicapés. En plus des juifs, des homosexuels, des tziganes, des francs–maçons, … des religieux catholiques et protestants viennent rejoindre les opposants au régime hitlérien qui continuent d’arriver . Hélas, ce sont aussi des résistants de tous les pays occupés comme des prisonniers soviétiques qui vont s’y entasser. Tous sont condamnés à mourir gazés, exténués, affamés, pendus, fusillés, décapités, mutilés ou victimes des expériences médicales, ou disparaîtront à jamais dans les fours crématoires. Les « ss » aidés des « kapos » ces criminels de droit commun vont faire régner la terreur disciplinaire.

Quelle fût la résistance des allemands au régime politique et à la machine de guerre ?

Plusieurs attentats pour supprimer Hitler échouent. Le plus célèbre reste celui du 20 juillet l944 à Rastenburg connu sous le nom de Opération Walkyrie. C’est le résultat d’une conspiration d’officiers supérieurs de l’armée régulière (Wehrmacht). Le Comte Stauffenberg, un brillant officier en est l’exécutant. Une bombe judicieusement placée doit tuer Hitler, mais l’attentat échoue une fois de plus et de nombreux officiers reconnus conspirateurs sont exécutés. Ceux-ci croyant le dictateur mort avaient déjà lancé tout un processus devant aboutir à la paix : c’est ce qui permit de les identifier ! Stauffenberg sera le seul nom des victimes du nazisme que nous citerons car il n’est pas concevable de ne pas le nommer.

Parmi les victimes du nazisme, il y eut de nombreux résistants allemands. Ce furent ceux qui souhaitaient l’élimination physique du dictateur via la force (attentat), mais aussi d’autres qui rédigeaient, imprimaient et distribuaient des tracts, ou des prêtres catholiques et des pasteurs protestants (Hitler ne pouvait être supérieur à leur Dieu), ou encore des universitaires qui se révoltaient par la dénonciation de faits inacceptables (absence de la liberté d’expression) et les condamnaient en public. Il y en avait d’autres qui sabotaient l’effort de guerre, … la liste est longue, heureusement !

Ces résistants ont été arrêtés tout comme les nôtres, souvent par idéalisme et manque de méfiance et de discrétion. Ils n’hésitaient pas à émettre leurs commentaires en public, ou que leur hostilité au régime fût dénoncée par leurs propres enfants conditionnés à cette fin dans les jeunesses hitlériennes !

Sans tenir compte des juifs arrêtés, en avril 1939 il a été relevé plus de 300.000 détenus politiques victimes de la police spéciale (« ss ») et de leurs collaborateurs. Tous les allemands n’étaient pas tous des nazis.-