par André Maillard, ARA du Réseau Clarence
La Royale Union des Services du Renseignement et de l‘Action (R.U.S.R.A.), c’est quoi ?
Heureusement, tu n’as pas connu la guerre 40-45 sauf par des films spectaculaires et je pense « Au jour le plus long » avec Bourvil.
Tu sais que notre pays, la Belgique, est un pays épris de liberté où tu peux aller et venir comme tu le souhaites, où tu peux t’exprimer librement, où tu peux écouter des chansons anglaises, alors que pendant la guerre, le fait même d’écouter la BBC était puni de mort.
Bref, tu peux tout ou presque … sans risquer de te trouver dans un train te conduisant vers la mort, car tu as entendu les reportages sur de tels camps ou, peut-être as-tu visité Auschwitz ou un autre de ces nombreux camps d’extermination. Tu as aussi entendu parler des personnes qui ont fait partie de l’Armée Secrète, du Mouvement National Belge, du Front de l’Indépendance …
Mais ce que tu ne sais peut-être pas, car on en a très peu parlé, c’est qu’il y avait aussi des gens « de l’ombre » ? Ces taiseux dont le silence était le maître mot tant était dangereuse la mission qu’ils accomplissaient pour aider les Alliés à vaincre l’ennemi.
Le 18 mai 1940, après une résistance héroïque, notre armée capitule. Parmi la population, nombreux sont ceux qui ont attendu patiemment le fin de la guerre, écoutant autant que faire se peut la Radio Anglaise, espérant une fin de guerre heureuse mais ayant comme souci principal de savoir quoi manger le lendemain tant il y avait de pénurie et de restrictions provoquée par l’ennemi qui confisquait tout et désorganisait tout.
De nombreux militaires furent prisonniers et envoyés dans des stalags ou oflags, les camps pour les militaires, d’autres réquisitionnés pour le travail obligatoire chez l’ennemi dont certains devinrent des réfractaires en le refusant. Dès le début, il y a eu ceux qui n’acceptaient pas la capitulation et préféraient mourir que d’être soumis à l’occupant ennemi (Potius mori quam feodari - plutôt la mort que la servitude). Eux ont décidé de tout faire pour nuire à l’ennemi et œuvrer à la libération de la Patrie.
Si certains ont choisi le maquis, si des cheminots ont saboté le trafic ferroviaire, si certains ont hébergé des clandestins ou des enfants juifs, si d’autres ont distribué des journaux ou des tracts clandestins, ceux que nous évoquons maintenant se sont mis au service des Forces Alliées basées à Londres, organisant les « réseaux clandestins, fournissant aux Etats-Majors Alliés des renseignements précieux sur les mouvements des troupes allemandes, les trafics des convois ferrés allemands, les indications et prévisions météorologiques nécessaires pour les missions aériennes, organisant des sabotages, mettant sur pied des filières de rapatriement en Angleterre d’aviateurs abattus au-dessus de notre territoire… bref en accomplissant toute mission susceptible de contribuer à la Victoire.
Mais tu vas te demander comment réaliser tout cela alors que 30 km de mer nous séparent de la Grande Bretagne ?
Pour communiquer ils utilisaient des postes émetteurs qui changeaient continuellement de lieux d’émission car traqués par des véhicules ennemis munis d’appareils de repérage (goniométrie). Il y avait ceux qui épiaient sans cesse tout mouvement de troupe, ou de trains, pour les signaler à Londres. D’autres envoyaient les observations météorologiques. Pour réaliser tout cela, des agents rejoignaient Londres la nuit par la voie maritime clandestine, d’autres embarquaient à bord de petits avions dont l’atterrissage avait lieu la nuit en pleine campagne guidés par des balisages de fortune. Tout nous revenaient la nuit par parachu-tages amenant de nouvelles instructions pour la poursuite de la résistance.
Par ailleurs, nombreuses étaient les communications orales, faite par les messages personnels anodins sauf pour ceux qui les recevaient et que la B.B.C. diffusait à heures fixes et vos parents se souviendront des paroles qui débutaient ces émissions : « Ici Londres ».
On comprend aisément que ces agents qui travaillaient sous de faux noms et prénoms étaient rapidement devenus la bête noire de la gestapo ou police ennemie qui les traquait sans cesse et une fois pris les torturaient pour leur faire avouer leur mission et essayer d’avoir des indications sur leurs complices (on saisit la raison pour laquelle il y avait des cloisonnements, chacun ne connaissant qu’un minimum d’agents : ils oeuvraient dans l’ombre), puis devant leur silence opiniâtre, les envoyaient en piteux état vers le peloton d’exécution ou dans un camps de concentration, car il est vrai qu’ils n’ont jamais avoué ni dénoncé et surtout envoyaient leurs tortionnaires vers de fausses pistes.
A la libération des enquêtes extrêmement sévères ont été menées par la Sureté de l’Etat Belge pour déceler parmi des milliers de requérants, ceux qui pouvaient effectivement prouver une participation personnelle directe et continue aux services Alliés.
Ainsi, 5111 agents ont été investis de grades militaires allant du colonel à l’adjudant. Les 12.889 autres ont été nommés aux grades (toujours militaires ) d’Agents Auxiliaires de 1è ou 2è classe du Service de l’Armée du Renseignement et de l’Action.
Le tribu payés par ces agents : rien que sur les 5.111 cités plus haut, 2.434 , soit 49 % ont été nommés à titre posthume (décédés en mission) tandis que de nombreux autres sont morts après la guerre des suites des sévices subis en prison et dans les camps de la mort.
Le 30 septembre 1945 fut fondée à Bruxelles, l’Union des Services du Renseignement et de l’Action, et c’est pour rendre hommage à tous ceux qui ont servi, que le Roi des Belges a conféré le titre de Royale à cette Union qui devint dès lors la Royale Union des Services du Renseignement et de l’Action (en abrégé : R.U.S.R.A .).
Mais le temps passe, la population vieillit et en janvier 2006, la R.U.S.R.A. ne comptait plus que 250 membres effectifs et autant de sympathisants. La plus haute autorité de l’Eglise a dit devant l’O.N.U. « plus jamais la guerre ».
Le premier devoir de ceux qui regardent l’avenir avec espoir est de se souvenir de ce qu’ils ont appris du passé. Ils doivent garder le souvenir de ceux et celles qui se sont sacrifiés, se sont battus et ont souffert pour que nous soyons libres : C’EST LE DEVOIR DE MÉMOIRE.
Chers jeunes,
Si vous êtes petite-fille, petit-fils d’un parent qui aurait une reconnaissance A.R.A, invitez-le à nous rejoindre et si vous ressentez le besoin de participer au Devoir de Mémoire, rejoignez-nous comme sympathisant.
Il n’y a plus de vétéran de la Grande Guerre de 14-18. Pourtant la flamme du souvenir continue d’être ravivée.
Il est essentiel qu’il en soit ainsi pour les Agents du Renseignement et de l’Action.-
La Royale Union des Services du Renseignement et de l‘Action (R.U.S.R.A.), c’est quoi ?
Heureusement, tu n’as pas connu la guerre 40-45 sauf par des films spectaculaires et je pense « Au jour le plus long » avec Bourvil.
Tu sais que notre pays, la Belgique, est un pays épris de liberté où tu peux aller et venir comme tu le souhaites, où tu peux t’exprimer librement, où tu peux écouter des chansons anglaises, alors que pendant la guerre, le fait même d’écouter la BBC était puni de mort.
Bref, tu peux tout ou presque … sans risquer de te trouver dans un train te conduisant vers la mort, car tu as entendu les reportages sur de tels camps ou, peut-être as-tu visité Auschwitz ou un autre de ces nombreux camps d’extermination. Tu as aussi entendu parler des personnes qui ont fait partie de l’Armée Secrète, du Mouvement National Belge, du Front de l’Indépendance …
Mais ce que tu ne sais peut-être pas, car on en a très peu parlé, c’est qu’il y avait aussi des gens « de l’ombre » ? Ces taiseux dont le silence était le maître mot tant était dangereuse la mission qu’ils accomplissaient pour aider les Alliés à vaincre l’ennemi.
Le 18 mai 1940, après une résistance héroïque, notre armée capitule. Parmi la population, nombreux sont ceux qui ont attendu patiemment le fin de la guerre, écoutant autant que faire se peut la Radio Anglaise, espérant une fin de guerre heureuse mais ayant comme souci principal de savoir quoi manger le lendemain tant il y avait de pénurie et de restrictions provoquée par l’ennemi qui confisquait tout et désorganisait tout.
De nombreux militaires furent prisonniers et envoyés dans des stalags ou oflags, les camps pour les militaires, d’autres réquisitionnés pour le travail obligatoire chez l’ennemi dont certains devinrent des réfractaires en le refusant. Dès le début, il y a eu ceux qui n’acceptaient pas la capitulation et préféraient mourir que d’être soumis à l’occupant ennemi (Potius mori quam feodari - plutôt la mort que la servitude). Eux ont décidé de tout faire pour nuire à l’ennemi et œuvrer à la libération de la Patrie.
Si certains ont choisi le maquis, si des cheminots ont saboté le trafic ferroviaire, si certains ont hébergé des clandestins ou des enfants juifs, si d’autres ont distribué des journaux ou des tracts clandestins, ceux que nous évoquons maintenant se sont mis au service des Forces Alliées basées à Londres, organisant les « réseaux clandestins, fournissant aux Etats-Majors Alliés des renseignements précieux sur les mouvements des troupes allemandes, les trafics des convois ferrés allemands, les indications et prévisions météorologiques nécessaires pour les missions aériennes, organisant des sabotages, mettant sur pied des filières de rapatriement en Angleterre d’aviateurs abattus au-dessus de notre territoire… bref en accomplissant toute mission susceptible de contribuer à la Victoire.
Mais tu vas te demander comment réaliser tout cela alors que 30 km de mer nous séparent de la Grande Bretagne ?
Pour communiquer ils utilisaient des postes émetteurs qui changeaient continuellement de lieux d’émission car traqués par des véhicules ennemis munis d’appareils de repérage (goniométrie). Il y avait ceux qui épiaient sans cesse tout mouvement de troupe, ou de trains, pour les signaler à Londres. D’autres envoyaient les observations météorologiques. Pour réaliser tout cela, des agents rejoignaient Londres la nuit par la voie maritime clandestine, d’autres embarquaient à bord de petits avions dont l’atterrissage avait lieu la nuit en pleine campagne guidés par des balisages de fortune. Tout nous revenaient la nuit par parachu-tages amenant de nouvelles instructions pour la poursuite de la résistance.
Par ailleurs, nombreuses étaient les communications orales, faite par les messages personnels anodins sauf pour ceux qui les recevaient et que la B.B.C. diffusait à heures fixes et vos parents se souviendront des paroles qui débutaient ces émissions : « Ici Londres ».
On comprend aisément que ces agents qui travaillaient sous de faux noms et prénoms étaient rapidement devenus la bête noire de la gestapo ou police ennemie qui les traquait sans cesse et une fois pris les torturaient pour leur faire avouer leur mission et essayer d’avoir des indications sur leurs complices (on saisit la raison pour laquelle il y avait des cloisonnements, chacun ne connaissant qu’un minimum d’agents : ils oeuvraient dans l’ombre), puis devant leur silence opiniâtre, les envoyaient en piteux état vers le peloton d’exécution ou dans un camps de concentration, car il est vrai qu’ils n’ont jamais avoué ni dénoncé et surtout envoyaient leurs tortionnaires vers de fausses pistes.
A la libération des enquêtes extrêmement sévères ont été menées par la Sureté de l’Etat Belge pour déceler parmi des milliers de requérants, ceux qui pouvaient effectivement prouver une participation personnelle directe et continue aux services Alliés.
Ainsi, 5111 agents ont été investis de grades militaires allant du colonel à l’adjudant. Les 12.889 autres ont été nommés aux grades (toujours militaires ) d’Agents Auxiliaires de 1è ou 2è classe du Service de l’Armée du Renseignement et de l’Action.
Le tribu payés par ces agents : rien que sur les 5.111 cités plus haut, 2.434 , soit 49 % ont été nommés à titre posthume (décédés en mission) tandis que de nombreux autres sont morts après la guerre des suites des sévices subis en prison et dans les camps de la mort.
Le 30 septembre 1945 fut fondée à Bruxelles, l’Union des Services du Renseignement et de l’Action, et c’est pour rendre hommage à tous ceux qui ont servi, que le Roi des Belges a conféré le titre de Royale à cette Union qui devint dès lors la Royale Union des Services du Renseignement et de l’Action (en abrégé : R.U.S.R.A .).
Mais le temps passe, la population vieillit et en janvier 2006, la R.U.S.R.A. ne comptait plus que 250 membres effectifs et autant de sympathisants. La plus haute autorité de l’Eglise a dit devant l’O.N.U. « plus jamais la guerre ».
Le premier devoir de ceux qui regardent l’avenir avec espoir est de se souvenir de ce qu’ils ont appris du passé. Ils doivent garder le souvenir de ceux et celles qui se sont sacrifiés, se sont battus et ont souffert pour que nous soyons libres : C’EST LE DEVOIR DE MÉMOIRE.
Chers jeunes,
Si vous êtes petite-fille, petit-fils d’un parent qui aurait une reconnaissance A.R.A, invitez-le à nous rejoindre et si vous ressentez le besoin de participer au Devoir de Mémoire, rejoignez-nous comme sympathisant.
Il n’y a plus de vétéran de la Grande Guerre de 14-18. Pourtant la flamme du souvenir continue d’être ravivée.
Il est essentiel qu’il en soit ainsi pour les Agents du Renseignement et de l’Action.-