par André Maillard, ARA du Réseau Clarence
Qui pourrait écrire qu’il n’est pas redevable au milieu familial dans lequel il est éduqué ? Dés 7 ans, j’étais confié par ma mère à un oncle habitant Ronet et exerçant la fonction de machiniste à l’atelier central des chemins de fer de Salzinnes, un faubourg de Namur.
Quand la guerre éclate, mon oncle s’implique dans la résistance à l’occupant. Ce n’est que lorsque la guerre se termine que j’apprendrai qu’il était actif dans l’Armée Secrète ainsi que dans l’Armée du Renseignement et de l’Action : des sabotages de locomotives dans les ateliers, des ponts paralysés et détruits et des quantités d’informations collectées sur les mouvements ferroviaires.
C’est ainsi que très tôt, j’avais à peine 13 ans, je participe au transport de documents. Je deviens un courrier comme on dit alors. Ma tâche va même être facilitée par l’usage d’un vélo qui me sera confié rien que pour cette mission de courrier.
Je surveille les alentours (je fais le guet) alors que mon oncle s’entretient avec d’autres agents. Je suis aussi mis en observation de la fenêtre du grenier pour observer l’arrivée toujours possible des goniomètres (des véhicules équipés de système de détection des émetteurs radio) alors que mon oncle assiste un pianiste (opérateur radio).
J’accompagne des agents qui me sont inconnus et les conduis à des endroits qui me sont indiqués, sans poser de question. Je suis un éclaireur, j’ouvre la voie et préviens de toute anomalie ou présence de l’ennemi sur notre route. Le silence est la règle d’or de tous les échanges.
Dans le feu de l’action de résistance, je participerai à l’évasion de prisonniers de guerre sauvés d’une mort certaine, ainsi qu’à des agents dénoncés par les collaborateurs ou découverts par l’ennemi en les aidant à fuir vers d’autres cieux plus cléments et en leur rédigeant de fausses cartes d’identité au moyen de matériels reçus d’autres agents.
Il est évident que même si mon oncle ne me parlait jamais de ses activités dans la résistance, j’en étais conscient et ai suivi son exemple. Je ne le questionnais pas : on ne parlait pas de ce qui se faisait. C’était une question innée de survie.
Ma reconnaissance comme Agent du Réseau Clarence à la fin de la guerre alors que je n’avais que 19 ans fût une surprise, mais une grande fierté de voir mon humble participation reconnue. La guerre était finie : une nouvelle vie débutait pleine d’espoir.
J’avais accompli mon Devoir comme mon oncle l’avais accompli. Je tournais la page à présent comme tous les Agents.
Pour moi, la vie continuait : mes études m’attendaient. J’avais la possibilité d’entrer à l’Ecole Royale Militaire, qu’allais-je choisir ?
J’étais devenu un homme libre de mes choix dans un pays libéré de l’envahisseur : je vivais alors que tant de mes camarades avaient disparu.-
Qui pourrait écrire qu’il n’est pas redevable au milieu familial dans lequel il est éduqué ? Dés 7 ans, j’étais confié par ma mère à un oncle habitant Ronet et exerçant la fonction de machiniste à l’atelier central des chemins de fer de Salzinnes, un faubourg de Namur.
Quand la guerre éclate, mon oncle s’implique dans la résistance à l’occupant. Ce n’est que lorsque la guerre se termine que j’apprendrai qu’il était actif dans l’Armée Secrète ainsi que dans l’Armée du Renseignement et de l’Action : des sabotages de locomotives dans les ateliers, des ponts paralysés et détruits et des quantités d’informations collectées sur les mouvements ferroviaires.
C’est ainsi que très tôt, j’avais à peine 13 ans, je participe au transport de documents. Je deviens un courrier comme on dit alors. Ma tâche va même être facilitée par l’usage d’un vélo qui me sera confié rien que pour cette mission de courrier.
Je surveille les alentours (je fais le guet) alors que mon oncle s’entretient avec d’autres agents. Je suis aussi mis en observation de la fenêtre du grenier pour observer l’arrivée toujours possible des goniomètres (des véhicules équipés de système de détection des émetteurs radio) alors que mon oncle assiste un pianiste (opérateur radio).
J’accompagne des agents qui me sont inconnus et les conduis à des endroits qui me sont indiqués, sans poser de question. Je suis un éclaireur, j’ouvre la voie et préviens de toute anomalie ou présence de l’ennemi sur notre route. Le silence est la règle d’or de tous les échanges.
Dans le feu de l’action de résistance, je participerai à l’évasion de prisonniers de guerre sauvés d’une mort certaine, ainsi qu’à des agents dénoncés par les collaborateurs ou découverts par l’ennemi en les aidant à fuir vers d’autres cieux plus cléments et en leur rédigeant de fausses cartes d’identité au moyen de matériels reçus d’autres agents.
Il est évident que même si mon oncle ne me parlait jamais de ses activités dans la résistance, j’en étais conscient et ai suivi son exemple. Je ne le questionnais pas : on ne parlait pas de ce qui se faisait. C’était une question innée de survie.
Ma reconnaissance comme Agent du Réseau Clarence à la fin de la guerre alors que je n’avais que 19 ans fût une surprise, mais une grande fierté de voir mon humble participation reconnue. La guerre était finie : une nouvelle vie débutait pleine d’espoir.
J’avais accompli mon Devoir comme mon oncle l’avais accompli. Je tournais la page à présent comme tous les Agents.
Pour moi, la vie continuait : mes études m’attendaient. J’avais la possibilité d’entrer à l’Ecole Royale Militaire, qu’allais-je choisir ?
J’étais devenu un homme libre de mes choix dans un pays libéré de l’envahisseur : je vivais alors que tant de mes camarades avaient disparu.-